L'étude que nous souhaitons présenter s'intéresse au traitement médiatique de la crise de la dette souveraine en Grèce. Notre hypothèse est celle d'une trajectoire médiatique partant, en 2009, de la réalité économique et financière des faits, pour progressivement s'orienter vers le jeu des représentations socioculturelles à l'intérieur de la zone euro. Il s'agit d'établir si le traitement de la crise de la dette souveraine en Grèce n'a pas, finalement, servi de catalyseur dans l'appréhension de la crise financière amorcée avec les subprimes et qui s'est poursuivie dans la zone Euro.
Pour aborder cette problématique, nous nous appuyons sur les travaux de Revault d'Allonnes[1] (2012), Dardot et Laval[2] (2010), Castells[3] (2013), afin de questionner ce paradigme de la crise, en essayant de démontrer que les médias en général, la presse écrite dite de qualité en particulier, contribuent à une représentation biaisée de la crise, de ses causes et mécanismes. Dès lors, il nous semble légitime de déterminer à quel moment la mission d'information, qui incombe à cette presse dite de qualité, s'est orientée sur des questions morales et éthiques au lieu de s'intéresser aux déterminants structurels de la crise en Grèce.
Sur le plan méthodologique nous analysons, avec le logiciel Iramuteq, un corpus d'articles tirés du quotidien Le Monde extraits depuis la base Europresse avec des mots clés d'extraction tels que Grèce, crise économique, crise en Grèce, crise de la dette souveraine. Après nettoyage du corpus, ce dernier comprend 1280 articles, publiés entre janvier 2009 et juin 2015. Par l'analyse diachronique de ce corpus courant sur sept années, nous souhaitons mettre en évidence la manière dont un média français de référence a pu subrepticement faire évoluer son cadrage de la crise grecque, de la sphère économique et financière au terrain socio-culturel.
Une analyse des spécificités relatives à chacune des années nous permettra tout d'abord d'identifier si de nouveaux termes se font jour dans la période, et par quels termes se caractérisent les années successives. La méthode Reinert sera également mobilisée pour identifier les cadrages successifs déployés par le journal, pour tenter d'appréhender la nature de la trajectoire médiatique empruntée par Le Monde dans son traitement de la crise grecque.
[1] REVAULT D'ALLONNES Myriam, La Crise sans fin – Essai sur l'expérience moderne du temps Edit. Seuil, Paris, 2012
[2] DARDOT Pierre, LAVAL Christian, La nouvelle raison du monde, Essai sur la société néolibérale, Edition La découverte, Paris, 2010
[3] CASTELLS Manuel, Communication et pouvoir, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l'Homme, coll. « 54 », 2013, 668 p
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